Quel peut être l'impact des faits et images véhiculées par un média sur une personne?
Y a-t-il réellement corrélation entre les médias et la violence dont sont capables certaines personnes?
Quand je dis médias, ça couvre tout.La télé et tout ce qu'elle propose, le cinéma, le jeu vidéo, les BD/mangas/comics, la littérature (oui, oui), etc...Bref, tout ce qui est dans la catégorie "médias".
Quant à la violence, c'est autant celle faites aux autres qu'à soi-même.
Ces points établis, prenons quelques cas plus ou moins connus.
Le massacre de ColumbineSans nul doute le plus tristement célèbre exemple de fusillade dans un lycée aux Etats-Unis.En tout cas, celui auquel on se réfère le plus quand ça se reproduit.
Un rapide rappel des faits.
- Wikipédia a écrit:
- La fusillade du lycée Columbine, le mardi 20 avril 1999, est la tuerie scolaire perpétrée par deux adolescents, Eric Harris et Dylan Klebold, avec des armes à feu à l'intérieur du lycée Columbine (Columbine High School, ou « lycée des ancolies »), situé près de la ville de Littleton dans le comté de Jefferson, dans l'État du Colorado, aux États-Unis. Douze lycéens et un professeur furent tués et vingt-quatre autres personnes furent plus ou moins grièvement blessées avant que Harris et Klebold ne se suicident, faisant de cet événement la fusillade écolière la plus meurtrière de l'histoire des États-Unis jusqu'au 16 avril 2007, jour du massacre par l'étudiant Cho Seung-hui de 33 personnes à l'université de Virginia Tech.
La fusillade de Columbine provoqua un très grand émoi aux États-Unis et créa une psychose sociale sur le terrorisme. Elle souleva de nombreux débats sur le contrôle des armes à feu, la sécurité dans les écoles, l'impact des jeux vidéo, de la musique et des films considérés comme violents aux États-Unis. De nombreux films ou livres mirent en scène ou s'inspirèrent du massacre de Columbine, notamment le documentaire Bowling for Columbine de Michael Moore et le film Elephant de Gus Van Sant.
Les détails ici:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fusillade_du_lyc%C3%A9e_ColumbineAprès le massacre, l'enquête révéla que Harris était fan de Doom, un FPS violent qui a lancé le genre.
On a aussi dit Harris et Klebold fans de la musique de Marylin Manson, histoire d'en rajouter, ce qui était strictement faux de toute façon.
Quant à la responsabilité des médias, elle a directement été écartée par l'un des auteurs.
- Wikipédia a écrit:
- Le juge Lewis Babcock rejeta la plainte de parents de victimes contre plusieurs compagnies de production de films et de jeux vidéo. Le juge a estimé que les producteurs ne pouvaient pas prévoir que leurs œuvres allaient directement inspirer les deux adolescents de Littleton. Étaient notamment visés les producteurs du film Basketball Diaries de Scott Kalvert, que les deux jeunes évoquaient souvent.
De plus, Dylan Klebold avait écrit dans son journal que les groupes de musiques, les films et les jeux vidéo n'étaient pas responsables de ce qu'il était.
Voir aussi le film documentaire Bowling For Colombine.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=28729.htmlSuicide collectif au siliconeBon, vous vous souvenez de ce bon gros fake?
A la base, un bon gros trait d'humour noir de la part de Ed Warner, sur le site XBox Mag.
- XBox Mag a écrit:
- Tout commence le 4 mars 2004, lorsque notre cher Ed Warner (Thomas Huguet) publie une news sur le report de Dead or Alive Ultimate au Japon. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, il s'agit d'une série de jeux de combat très réputée dans le monde, dont cet épisode est le premier à être jouable intégralement par internet sur le service Xbox Live de Microsoft. Dans cette annonce de report donc, Ed Warner entame son article en écrivant : « La nouvelle a provoqué un drame au pays du soleil levant : 147 otakus se sont suicidés en gobant des poches de silicone pour protester contre ce report de la part de Tecmo ». Un trait d'humour (noir) évidemment, comme Ed Warner et d'autres rédacteurs du site aiment en faire, en rapport avec les gros seins des héroïnes du jeu. Mais à ce stade si le doute était permis, la conclusion du même article ne laissait aucune ambiguïté quant à la portée satyrique de la phrase : « on me signale à l'instant que les fanas d'import qui avaient précommandé la bête viennent d'être retrouvés pendus avec un soutif géant ». Bref, le 4 mars nous avions surtout l'impression d'avoir diverti nos lecteurs.
Seulement, voilà...Ca n'allait pas en rester là.
- XBox Mag a écrit:
- Seulement voilà, le 1er Novembre dernier [Note personnelle : 2004, donc], dans un article sur les suicides collectifs, le correspondant de Libération reprenait cette blague, et terminait son papier par « En février 2003, l'annonce du report de la vente du jeu vidéo de combat Dead or Alive a traumatisé les otaku (fadas de jeux vidéo). Furieux, 147 d'entre eux, collégiens ou lycéens, se sont suicidés en gobant des poches de silicone. »
L'affaire était passée plutôt inaperçue, jusqu'au 21 novembre dernier où, à la vingtième minute de son journal, Béatrice Schoenberg lance le reportage de M. Philippe Rochot sur les suicides collectifs au Japon (en téléchargement ici). Celui-ci entame en annonçant que « ici, le seul retard d'un jeu intitulé « Mort ou Vif » (ndlr : traduction de Dead or Alive) a provoqué le suicide de 147 collégiens qui ont gobé des poches de silicone ».
Fichtre, en voilà une mauvaise nouvelle !
Bref, le site a vite repris les choses en main, en faisant rectifier le tir aux rédactions et en leur faisant parvenir un message disant que ça n'avait rien de vrai.
Les détails ici:
http://xbox-mag.net/Affaire-France-2---Liberation__6572.htmlCette histoire met tout de même plusieurs choses en relief, reprises dans la conclusion de Xbox Mag.
- XBox Mag a écrit:
- Cette affaire aura donc fait le tour de beaucoup de rédactions, et visiblement aura permis de secouer celle de France 2. Car derrière ses aspects humoristiques, elle nous semble tristement illustrer deux phénomènes :
Le premier, est l'évident manque de considération des journalistes à l'égard des jeux vidéo, puisqu'ils sont prêts à gober des histoire hallucinantes sans même sourciller. Il faut rappeler que 147 personnes se suicidant d'un coup, c'est digne des plus grands suicides collectifs de ces dernières années, des attentats de Madrid ou encore de sectes extrêmes. Le simple fait que les journalistes puissent croire à une telle absurdité est signe de leur méconnaissance de notre milieu, mais également de leurs a priori négatifs à son égard.
Le deuxième, est qu'il y a bel et bien un problème dans le journalisme pour en arriver là. Il est important de rappeler que c'est une blague qui a terminé au journal télévisé, pas une fausse information. Certes l'erreur est permise, et cela arrive même aux meilleurs, M. Rochot étant, faut-il le rappeler, l'un des meilleurs journalistes de la rédaction de France Télévision. Mais malheureusement cette bourde illustre un système dans lequel le journalisme consiste à aller vite, recopier son voisin, et faire si possible dans le sensationnel, bien plus efficace que le rationnel dans la course à l'audimat.
Cela soulève une nouvelle question dans le débat.
Un média se contentant de reprendre des informations sans les vérifier, stigmatisant ainsi un autre média sans aucune raison au final, n'est-il pas plus dangereux que les médias dit violents?
On touche là à l'éthique de la profession, et surtout, on provoque des réactions et psychoses sans aucun fondement.
L'affaire KiraPlus récent (2007).Un tueur a sévi en Belgique, laissant derrière lui le mot "Watashi wa Kira dess" ("Je suis Kira", ou, de façon plus littérale, Kira étant la déclinaison japonaise du "killer" anglais > "Je suis tueur").
Il n'en a pas fallu plus pour faire la liaison avec Death Note, la phrase y apparaissant fidèlement.
Un article sur un blog:
http://la-route-nous-appartient.skynetblogs.be/post/5049121/le-tueur-en-serie-amateur-de-mangas-de-forestAutre article:
http://www.dhnet.be/infos/faits-divers/article/185974/un-tueur-psychopathe.htmlBon, j'arrive pas à trouver la suite de l'affaire, mais faire un lien entre un tueur qui laisse une phrase en japonais et un manga, c'est un peu fort, non?D'autant que cette phrase n'a sans doute rien de compliqué pour qui parle suffisamment bien japonais.
Bref, je crois que ces 3 affaires suffisent à illustrer le propos.
Mon avis sur tout ça?Il est simple.
Une personne "normale" saura faire la différence entre réel et irréel (même si les images et faits sont réels, comme ceux du JT), et laissera sa morale prendre le dessus.
Maintenant, confrontez quelqu'un qui a déjà des problèmes psychologiques à ça, et ça risque de mal finir.
Les médias sont-ils responsables de la violence?
Seulement sur ceux qui ont déjà des problèmes d'ordre psychologique.
Peuvent-ils inspirer les actes?
Hé bien, ça, oui, c'est évident.Qu'on ait des problèmes ou non, si on se retrouve responsable d'un acte violent, on aura pris des idées dans ce qu'on connaît.Que ce soit pour l'acte en lui-même ou sa suite.
Les médias sont-ils un bouc émissaire?
Peut-être pas toujours, mais bien souvent.C'est tellement plus facile que d'assumer ses responsabilités ou d'accepter que quelqu'un a fait quelque chose, par plaisir ou par pulsion.
Ca n'est que mon avis propre.
Bref, à vous.